Allaitement, comment favoriser la montée de lait ?

À l'approche de la naissance d'un enfant, nombreuses sont les futures mamans qui s'interrogent sur l'allaitement de leur bébé et sur la montée de lait. Si les vertus du lait maternel ne sont plus à démontrer pour le nourrisson, la production de lait n'est pas identique selon les femmes, et il faut parfois utiliser quelques astuces pour favoriser la production de lait maternel.

Qu’est-ce que la montée de lait ?

La montée de lait est un processus naturel qui se déclenche après l'accouchement, qu'il ait lieu par voie basse ou par césarienne, qui va servir à nourrir le nouveau-né. Les premières heures suivant la naissance, le liquide produit par les glandes mammaires, de texture épaisse et de couleur jaune, est appelé colostrum. Il est très riche en protéines pour le nouveau-né, et contribue à la création et au développement des défenses immunitaires par la transmission d'anticorps. C'est pourquoi, à la naissance, les sages-femmes proposent souvent la « tétée d'accueil », même si la mère ne souhaite pas ou ne peut pas allaiter son enfant ensuite, car les bénéfices pour le nourrisson sont indéniables pour sa santé et son développement.

Les jours suivants, le colostrum va progressivement se transformer en lait de transition pour devenir le lait mature au bout de deux semaines environ, qui sera le lait produit ensuite tout au long de la période d'allaitement, et dont la composition va évoluer au fur et à mesure de la croissance du nourrisson.

Quand commence la montée de lait ?

La production de lait commence en réalité bien avant la naissance de votre enfant ! À partir du quatrième mois de grossesse, les glandes mammaires se préparent à l'allaitement futur et vont produire une substance colostrale, qui peut parfois s'écouler par les mamelons chez certaines femmes enceintes. Ceci est tout à fait normal.

La montée de lait commence quelques heures après l'accouchement, quand le placenta aura été évacué : une hormone, la prolactine, va mettre en action le processus de lactation par les glandes mammaires de la mère. La baisse du taux de progestérone et la succion de votre bébé vont également stimuler la lactation. La production de colostrum est donc la première étape de fabrication du lait maternel, qui va durer 3 à 5 jours. Ensuite, la composition du lait va se modifier pour devenir de plus en plus nourrissant pour votre bébé. Il contiendra alors davantage d'énergie sous forme de lipides et de lactose, et va s'adapter naturellement aux besoins nutritionnels du nourrisson, permettant sa croissance et sa prise pondérale de façon optimale.

Comment savoir si la montée de lait arrive ?

La montée de lait peut provoquer quelques manifestations évocatrices : les seins sont plus tendus, plus chauds et gonflés. Des écoulements peuvent notamment se produire pendant la nuit. Afin d'éviter un engorgement qui serait désagréable pour la mère, proposez le sein à votre bébé le plus souvent possible : par le réflexe de succion, il va en quelque sorte amorcer le processus ; ou tirez vous-même votre lait grâce à un tire-lait pour vous soulager des tensions provoquées par la montée de lait. Une fois le rythme de l'allaitement pris avec votre nourrisson, les tensions liées à la montée de lait devraient fortement s’atténuer.

Combien de temps dure la montée de lait ?

Après l'accouchement, la production de lait va durer le temps de l'allaitement de votre enfant. En effet, par la succion, votre bébé prend ce dont il a besoin : votre corps va naturellement adapter la quantité et la composition du lait maternel. Quand il sera temps de réduire le nombre de tétées pour commencer la diversification alimentaire, le fait de moins stimuler la lactation va progressivement diminuer la production de lait de manière naturelle jusqu'à l'arrêter totalement.

Comment favoriser la montée de lait ?

La production de lait maternel est avant tout adaptée à votre bébé : ainsi, mettre votre enfant au sein le plus tôt et le plus souvent possible favorise la lactation précoce, en plus du lien privilégié entre la mère et son enfant par la tétée. Pour maintenir la production de lait maternel, vous pouvez aussi vous servir d'un tire-lait : cela permet de continuer à stimuler la lactation même si vous n'allaitez pas votre enfant à chaque fois, par exemple si vous faites garder votre enfant ou que vous reprenez votre activité professionnelle avant le sevrage.

C'est aussi un bon moyen d'habituer votre bébé à l'utilisation du biberon ! Ainsi une autre personne pourra nourrir votre enfant à votre place, tout en gardant les bienfaits du lait maternel. Vous pouvez le conserver au réfrigérateur jusqu'à 8 jours, et même le congeler. Il existe aussi des aliments, des plantes et des compléments alimentaires permettant de soutenir la production de lait maternel.

Quels aliments favorisent la montée de lait ?

Le fenouil (Foeniculum vulgare) est traditionnellement utilisé pour soutenir la production de lait maternel et aider à maintenir la santé du sein pendant l'allaitement. On peut le consommer tel quel ou encore en infusion.

La consommation d'aliments riches en acide docosahexaénoïque (DHA) par la mère contribue au développement normal du cerveau et des yeux du fœtus et de l'enfant allaité*. On retrouve ces oméga 3 essentiels dans les produits marins, notamment dans les algues et les poissons gras (thon, sardines, maquereaux, saumon). De nombreux compléments alimentaires apportant du DHA sont aussi présents sur le marché pour vous aider à couvrir vos besoins journaliers.

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Les plantes et compléments alimentaires

Une grande variété de plantes est utilisée depuis l'Antiquité pour favoriser la montée de lait, on retrouve même des écrits datant de plusieurs siècles traitant de leur efficacité. Les tisanes, gélules et autres compléments alimentaires utilisent ces plantes dont les propriétés galactogènes sont plébiscitées par de nombreuses femmes.

Parmi les plantes les plus utilisées, on retrouve le fenugrec (Trigonella foenum-graecum) : soutient la production de lait et le rétablissement après l'accouchement.

Le Galéga officinal (Galega officinalis) est également recommandé pour soutenir l'activité des glandes lactées ainsi que la production de lait maternel. Vous pouvez également la consommer en infusion, mais en revanche, ne l'utilisez pas pendant la grossesse.

L’anis vert (Pimpinella anisum) favorise la production de lait maternel. On le trouve en herbes séchées à saupoudrer, en tisane ou en compléments alimentaires sous forme de gélules.

Le carvi noir (ou cumin des prés) (Carum carvi nigrum) et la verveine officinale (Verbena officinalis) soutient la lactation chez les femmes allaitantes. On retrouve ces propriétés également dans le Roscoea pourpre (Roscoea procera), qui appartient à la famille des orchidées. Enfin, l’origan bleu (Origanum vulgare L.) est indiqué pour la santé des seins et le maintien d'une fonction normale des glandes mammaires.

Si vous souhaitez consommer ces plantes sous forme d'infusion, rendez vous chez un herboriste qui saura vous conseiller sur les différentes associations possibles et les dosages adaptés à vos besoins. Si votre choix se porte plutôt vers des compléments alimentaires, renseignez-vous auprès de votre médecin ou de votre pharmacien.

Mettre bébé au sein tout de suite après la naissance

Comme nous l'avons vu, mettre bébé au sein juste après l'accouchement permet de favoriser la montée de lait. Instinctivement, pendant le peau à peau avec sa maman, le nourrisson va être attiré par l'odeur du colostrum (très proche du liquide amniotique) et chercher le mamelon pour pouvoir se nourrir. En plus de lui apporter de nombreux bienfaits (nutriments et anticorps), cela stimulera la montée de lait chez la mère.

Favoriser la montée de lait avec une bonne position d’allaitement

Pour favoriser la montée de lait et une bonne succion par votre bébé, la position adoptée est très importante. En effet, votre enfant et vous devez être confortablement installés et dans une position favorisant une succion efficace et non douloureuse pour vous.

Il existe diverses façons de vous installer pour allaiter votre bébé, pour que ce moment privilégié soit le plus agréable possible. La plus classique est la position dite de la madone : votre enfant est allongé contre vous, dans le creux de vos bras (droit ou gauche selon le sein qui le nourrit), pour bien lui soutenir le dos et les fesses. Il doit avoir la tête en légère flexion arrière afin d'avoir le nez dégagé et de bien pouvoir englober votre mamelon et téter efficacement.

Vous pouvez également choisir de vous installer en position semi allongée, avec votre bébé à plat ventre contre vous : il va venir chercher le mamelon naturellement, par réflexe. Cette position est aussi moins fatigante pour vous, car il ne sera pas en appui sur un seul de vos bras comme dans la position de la madone.

Il est également possible de nourrir votre bébé en étant allongée sur le côté, idéal pour les tétées de nuit ou si vous ressentez des douleurs au dos ou suite à l'accouchement : votre bébé bien calé contre vous avec votre bras derrière son dos pour le soutenir ou avec l'aide d'un coussin, le nez toujours bien dégagé et le menton sous le sein. De cette manière, maman et bébé sont confortablement installés pour la tétée.

Si votre bébé a du mal à prendre le sein, une astuce consiste à placer le bout de votre sein entre son nez et sa bouche : ce sera alors plus facile pour lui d'ouvrir la bouche en grand afin de bien englober votre mamelon pour une tétée efficace.

Comment arrêter la montée de lait ?

Si vous ne pouvez ou ne souhaitez pas allaiter, il est possible de freiner le processus de montée de lait, mais pas de l’empêcher totalement. Tout d'abord, il s'agit de ne pas stimuler la lactation : il faudra donc ne pas mettre votre bébé au sein ni vous servir d'un tire-lait pour soulager vos seins qui pourraient être douloureux et tendus. Vous pouvez simplement aider à l'écoulement du lait grâce à la chaleur, sous la douche par exemple. Il est aussi possible de freiner la montée de lait en comprimant fortement la poitrine, en portant un soutien-gorge de sport par exemple, de jour comme de nuit pendant quelques jours. 

Si vous allaitez et que le moment de sevrer votre bébé approche, vous pouvez alterner les tétées avec les biberons de lait artificiel adapté. La diminution de la fréquence de l'allaitement et de la succion du mamelon va naturellement entraîner une baisse de la production de lait. La transition pourra alors se faire en douceur, aussi bien pour vous que pour votre bébé.

L'allaitement est une période privilégiée de partage avec son bébé et fait partie des nombreuses manières de créer le lien entre la mère et l'enfant, mais peut parfois être source d'inquiétude et de désagréments. En cas de difficultés, n'hésitez pas à prendre conseils autour de vous, auprès de votre médecin, de votre sage-femme et des mamans de votre entourage !

 

Elsa Blanc

Rédactrice spécialisée en Nutrition